La prison est un bon endroit pour se consacrer sérieusement à la poésie
En la forêt de longue attente, poème évoquant la tension entre espoir et patience amoureuse, est un bon titre pour résumer métaphoriquement l’univers dans lequel vécut Charles d’Orléans. La longue attente, c’est celle de la prison. Ce poète du XVe siècle y passa plus de la moitié de sa vie. Tombé sous la coupe des Anglais, l’ennemi de l’époque, lors de la bataille d’Azincourt, Charles d’Orléans fait de l’écriture poétique sa principale distraction, son divertissement. Il compose chansons, rondeaux et ballades. La longue attente, c’est aussi la vertu cardinale de la relation amoureuse. Ce poète peut avantageusement remplacer le morceau de blues (voire de variété) que vous écoutez pour oublier que votre compagne vous a envoyé un sms, que vous jugez bien court, pour vous annoncer qu’elle vous quitte. Un exemple ci-dessous :
RONDEL.
Puisqu’Amour veult que banny soye
De son hostel, sans revenir,
Je voy bien qu’il m’en fault partir,
Effacé du livre de Joye.
Plus demourer je n’y pourroye,
Car pas ne doy ce mois servir.
Puisqu’Amour, veult que banny soye
De son hostel, sans revenir.
De Confort ay perdu la voye,
Et ne me veult on plus ouvrir
La barriere de Doulx plaisir,
Par desespoir qui me guerroye.
Puisqu’Amour veult que banny soye
De son hostel, sans revenir.
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