Une histoire sans lendemain bien avant l’invention de meetic
Qualifié successivement de conte libertin et de court roman emblématique de la litérrature roccoco, Point de lendemain (1777), de Vivant Denon, vaut surtout pour l’art maîtrisé de l’esquisse (l’auteur fut graveur de formation et dessinateur) et du rythme. Dans ce roman, les femmes se rendent aux « dernières faveurs », comme l’on dit plaisamment au XVIIIe siècle, et le personnage principal goûte le plaisir d’être joué par ce jeu. Les cinq premières lignes condensent cet art de l’ellipse :
« J’aimais éperdument la comtesse de *** ; j’avais vingt ans, et j’étais ingénu ; elle me trompa ; je me fâchai ; elle me quitta. J’étais ingénu, je la regrettai ; j’avais vingt ans, elle me pardonna ; et comme j’avais vingt ans, que j’étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l’amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes. Elle était amie de T…, qui semblait avoir quelques projets sur ma personne, mais sans que sa dignité fût compromise. Comme on le verra, madame de T… avait des principes de décence, auxquels elle était scrupuleusement attachée ».
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